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voyages en égypte,


de voir de près cet homme, qui, de l’état d’un particulier obscur, est parvenu au rang de vice-roi d’Égypte, et s’est illustré par ses victoires sur les tribus les plus puissantes de l’Arabie.

Les appartemens des femmes du sérail étaient ordinairement très-éclairés le soir : probablement elles avaient aussi leurs divertissemens particuliers. On amène souvent au sérail des danseuses et des chanteuses pour amuser les habitantes du harem. Les bouffons du pacha sont quelquefois d’une folie extravagante. L’un d’eux se mit un jour en tête de se raser le menton, ce qui n’est pas une bagatelle chez les Turcs : il y en a qui se laisseraient, je crois, couper plutôt la tête que la barbe. Il emprunta un costume franc de l’apothicaire du pacha, qui était natif d’Europe, et se montra sous ce vêtement étranger devant son maître, en se faisant annoncer comme un Européen, ne sachant pas un mot de turc ni d’arabe, ce qui arrive assez souvent. Dans l’obscurité, le pacha le prit réellement pour un étranger et envoya chercher un interprète. Celui-ci lui adressa des questions en italien, auxquelles le bouffon ne répondit mot : on l’interrogea en français, mais sans effet ; même silence pour l’allemand et l’espagnol. À la fin, voyant que tout le monde, sans en excepter le pacha, était sa dupe, il éclata en