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fut montré fièrement à tous les assistans. Il loua ce chef-d’œuvre tout le premier, et tous s’accordèrent à le trouver superbe. Il me le donna avec un air de satisfaction, en disant : « Tenez, voyez ce que je sais faire ! » Je pris le papier et le mis dans mon portefeuille. J’ai gardé jusqu’à ce jour cet échantillon du savoir faire d’un bey turc.

Nous quittâmes ensuite Médinet-Abou, et nous nous rendîmes à Gournah. Le cheik et quelques janissaires y attendaient humblement à l’ombre d’un daoum sa Hautesse, pour lui présenter la momie exigée. Avant même de l’avoir vue, le bey s’écria qu’il était certain qu’elle avait été ouverte par un de ces drôles qui allaient à la recherche des momies. Le Gheik avait beau protester qu’il avait trouvé la caisse dans l’état où il la présentait, et que personne ne l’avait ouverte avant lui ; il avait à faire à un maître barbare qui ne cherchait qu’un prétexte pour le punir d’être notre ami. Le bey ordonna d’étendre le cheik sur le sol, et de lui appliquer la bastonnade. Cette sentence fut exécutée sur-le-champ : les douleurs et les cris du malheureux indignèrent jusqu’aux Turcs qui assistaient à sa punition. Je m’aperçus que tout cela venait des intrigues de nos adversaires qui avaient sug-