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pour la première fois seul, et sans être troublé par ces Arabes importuns qui suivent les voyageurs partout. Le soleil levant jetait ses premiers rayons à travers les colonnades dont les ombres allongées et projetées sur les ruines formaient un contraste remarquable avec les masses éclairées [1]. Ce nouveau jour semblait rajeunir ces restes vénérables de la haute antiquité ; je m’y enfonçai avec une douce émotion qui me jeta dans une profonde rêverie.

J’avais vu le temple de Tentyra, et j’avoue qu’aucun autre édifice ne saurait surpasser celuici sous le rapport de la belle conservation, et du fini de l’architecture et de la sculpture ; à Carnak ce sont d’immenses colosses qui s’emparent de l’imagination du voyageur, et le forcent d’admirer le peuple qui a su élever des monumens de ce genre. Comment décrire les sensations que j’éprouvai à la vue de cette forêt de colonnes ornées de figures et d’autres embellissemens depuis le sommet jusqu’à la base, et dont les chapiteaux, malgré leur grandeur gigantesque, plaisent par leur forme gracieuse, qui est celle du lotus ; et à l’aspect de ces portes, de ces murs, de ces pié

  1. La planche 24 de l’atlas peut donner une idée sommaire de ces ruines, et la petite esquisse, planche 3i, représente une faible partie de l’intérieur du grand temple.