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en nubie, etc.

Un changement si brusque et si extraordinaire dans l’esprit du cacheff me fit présumer d’abord que, pendant son séjour au Caire, il avait reçu quelque beau présent de M. Salt, mais je me trompai dans cette conjecture ; car, à la demande que je lui fis peu de temps après sur ce qu’il pensait du consul anglais, il répondit, à ma surprise, qu’il ne l’avait pas vu. Il dit que le consul l’avait invité à venir chez lui, et qu’il lui avait même préparé un dîner ; mais que, le jour du repas, la nouvelle de la mort de Tusoun-Pacha, fils aîné de Mahomet-Ali, étant parvenue au Caire, lui, le cacheff, avait été obligé de partir sur-le-champ, ce qui l’avait privé du plaisir de voir le consul, qu’il aimait, disait-il, comme son œil droit. Malgré le sérieux avec lequel il conta cette histoire, je soupçonnais qu’il l’avait inventée, et que la honte de sa conduite à mon égard l’avait empêché d’aller voir le consul. Il fit servir le repas, et continua de me faire tant de protestations, que je conçus quelque crainte sur ses véritables intentions. Quand je l’eus remercié de ses bocaux d’anchois et d’olives, il dit que c’était là tout ce que lui avait envoyé en cadeau le consul de France pendant son séjour au Caire. Je profitai de l’occasion pour lui dire qu’il eût été de son intérêt de ne pas manquer