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notre navigation pendant la nuit, et nous arrivâmes à Esné le lendemain à midi.

Si je parle souvent des obstacles que j’eus à vaincre dans mes opérations archéologiques, j’espère que le lecteur ne croira pas que j’aie la vanité d’en vouloir rehausser le mérite. Je cherche au contraire à être aussi concis dans ces détails qu’il m’est possible, et à ne rien insérer qui ne soit nécessaire à l’intelligence de ma relation. Pour réaliser enfin le projet du transport du colosse de Thèbes, je me rendis à une maison, où les bateliers étaient réunis. Quand je leur fis part de l’opération qu’il s’agissait d’exécuter, ils s’accordèrent d’abord à prétendre qu’elle était impossible, parce qu’une masse aussi énorme enfoncerait leur bateau. Ils m’engagèrent donc à laisser là une pierre, d’où, selon leur avis, il n’y avait pas d’or à tirer ; ils me disaient que nous serions bien fâchés d’avoir pris tant de peines, et d’avoir fait de si grandes dépenses, sans en être récompensés ensuite par la découverte d’un trésor. Je n’en persistai pas moins dans mon projet ; je leur dis que je répondais du succès de l’entreprise, et que j’en prenais tous les risques sur moi. Ils me demandèrent alors une somme exorbitante. Placé dans l’alternative d’être obligé de passer par les con