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en nubie, etc.


fleuve, malgré la force du vent du nord contre lequel nous avions à lutter. Il y a des auteurs qui prétendent que le Nil ne jette point de vagues, et que sa surface est toujours unie comme une glace. Je puis assurer que nous fûmes ballotés ce jour-là comme par une bourrasque sur mer. Comment la violence du vent et la rapidité du courant ne souleveraient-ils pas, en se choquant, les eaux d’un large fleuve ?

Après midi, nous atteignîmes le village d’Iskous. Nous y débarquâmes pour faire une visite à Osseyn-Cacheff qui était de retour, et à qui j’avais à remettre la lettre de son frère Mahomet, à Deir. Accompagné de l’interprète et du janissaire, je me transportai à la maison du cacheff, qui était bâtie en forme d’un angle de propylées. Ces maisons, élevées en terre-glaise, ne résisteraient pas au poids d’un premier étage, si elles en avaient. Tout le mobilier de la demeure du prince se bornait à une vieille natte, tendue sur la terre comme de coutume, un pot à eau, et une chaîne avec deux crochets d’une façon particulière. Cet Osseyn était un des deux frères qui avaient forcé le voyageur Burckhardt, parvenu à Tinareh, de rétrograder. C’était un homme d’environ soixante-huit ans, de la taille de cinq pieds onze pouces, fort et robuste, et