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en nubie, etc.


nous fûmes poussés dans tous les sens par les nombreux courans et remous du fleuve ; nous ne pouvions plus avancer, ni même reculer, de peur d’être jetés sur un des rochers qui hérissaient le lit du Nil de part et d’autre. Nous restâmes ainsi une heure sur la même place. Quelquefois nous nous portions en avant d’une cinquantaine de toises ; mais ensuite nous nous trouvions arrêtés et renvoyés malgré la force du vent qui nous secondait, et malgré tous nos efforts. À la fin nous fûmes entraînés dans un des tournans, et lancés sur un écueil qui se trouvait à deux pieds au-dessous de la surface de l’eau. Le choc que notre bateau en reçut fut terrible, et j’avoue que je fus vivement alarmé, croyant que la cale s’était entr’ouverte. Pour ma part, je pouvais essayer de me sauver à la nage ; mais j’avais ma femme avec moi, et ce fut surtout pour elle que je m’effrayai. Cependant nous en fûmes quittes pour la peur. Le bateau n’avait point souffert ; nous tâchâmes de gagner la rive, et, une fois arrivés à terre, nous nous y remîmes bientôt de notre frayeur. Nous partîmes à pied pour visiter la cataracte, ma femme, moi, l’interprète, le janissaire, les deux insulaires et quatre matelots du bateau. Nous emportâmes quelques vivres et de l’eau. Traversant les ro-