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voyages en égypte,


viendraient travailler, contre la peur du diable. Je fis observer au fils du cacheff que ceux que j’emploirais, gagneraient de l’argent. De quel argent, dit-il, voulez-vous parler ? Est-ce de celui de Mahomet-Ali, pacha du Caire ? Que pouvons-nous en faire ? nous ne trouvons rien à acheter, ni ici ni à Dongola. Je lui répondis qu’il pourrait envoyer l’argent à Assouan pour faire acheter du dourrah. « Mais, répliqua Daoud, si nous faisons cela, on gardera l’argent sans nous envoyer du dourrah.» Je pouvais croire à peine que ces gens eussent si peu de confiance, et ignorassent jusqu’à ce point les principes du commerce ; mais il est de fait, qu’ils ne font que des trafics avec les productions qu’ils envoient au Caire, à Siout et à Esné ; et les articles qu’ils reçoivent en échange des leurs, s’envoient ensuite dans la partie méridionale de la Nubie, sans que jamais ils reçoivent de l’argent dans ces doubles expéditions.

Je tirai une piastre de la poche pour la montrer à quelques-uns des indigènes, dont la foule s’était grossie considérablement, et qui s’étaient assis devant nous en formant un croissant, et en fixant leurs regards sur nous, sans perdre de vue aucun de nos mouvemens. Je m’efforçai de leur faire sentir les avantages qu’ils tireraient de cette monnaie, s’ils l’introduisaient chez eux.