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CHAPITRE VI.

ombrageuse, rua, se cabra, secouant violemment son licol.

« Ho ! ho ! nous sommes chatouilleux, dit Sam, et un éclair de malice illumina son noir visage ; — la, la ! je vous vas soigner. »

Un large hêtre ombrageait l’endroit, et jonchait le sol de ses petits fruits triangulaires. Sam en prit un entre ses doigts, et s’approcha du poulain, qu’il caressa et flatta doucement, comme pour le calmer. Se donnant l’air de redresser la selle, il la souleva, et glissa dessous avec adresse la petite faine aux coins aigus, de façon à ce que le moindre poids qui appuierait dessus irritât outre mesure la sensibilité nerveuse du poney, sans laisser sur son dos la plus légère marque.

« Là ! moi soigner li, » dit Sam, roulant ses prunelles et s’accordant à lui-même une grimace d’approbation.

En ce moment, madame Shelby, se montrant au balcon, lui fit signe d’approcher. Aussi déterminé à bien faire sa cour qu’aucun solliciteur d’emplois vacants à Washington ou à Saint-James, Sam s’avança aussitôt.

« Vous avez bien tardé, Sam, pourquoi cela ? j’avais chargé Andy de vous presser.

— Le bon Dieu bénisse maîtresse ! Les chevaux se laissent pas attraper à la minute ; eux gambader là-bas, là-bas, à travers les grands herbages du sud, et Dieu sait où !

— Combien de fois vous ai-je répété, Sam, — de ne pas dire : « Dieu vous bénisse ! Dieu sait ! » et autres choses semblables ! c’est mal.

— Le bon Dieu bénisse mon âme ! Je l’oublie pas, maîtresse, moi le dire jamais, jamais.

— Mais, Sam, vous venez de le redire encore.

— Moi ! oh Seigneur Dieu ! non, j’ai pas dit ! — le dirai jamais plus.

— Faites-y attention, désormais.

— Maîtresse, laissez à Sam seulement le temps de