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enfants, avez ouvert vos cœurs à la sympathie humaine dans tout ce qu’elle a de plus ardent et de plus pur ; — au nom du saint amour que vous portez au cher petit nourrisson ; au nom des joies célestes que vous donne sa belle enfance, innocente et folâtre ; au nom de cette piété maternelle et dévouée qui va le guider à mesure qu’il grandira ; au nom des tendres sollicitudes qui accompagnent ses premiers pas dans la vie ; au nom des ardentes prières poussées au ciel pour l’éternel salut de son âme, je vous adjure, je vous supplie, songez à la mère qui, pénétrée de toutes vos anxiétés, brûlant du même amour, n’a pas le moindre droit légal à protéger, à garder, à élever l’enfant de ses entrailles ! Au nom de l’heure fatale où votre petit bien-aimé commença à languir sur votre sein, par ces regards mourants que vous n’oublierez plus, par ces derniers cris, qui torturaient votre cœur quand vous ne pouviez plus soulager ni sauver, par la désolation de ce berceau vide, de cette chambre muette, oh ! je vous en supplie, ayez pitié de ces mères privées de l’enfant de leur sein par le commerce légal de l’Amérique ! Et dites, ô mères ! sont-ce là des choses à soutenir, à encourager, ou à passer sous silence ?

Les habitants des États du Nord se laveront-ils les mains, comme au temps jadis, « du sang de ce juste ; » diront-ils qu’ils n’ont rien à y voir, rien à y faire ? Plût à Dieu qu’il en fût ainsi ! mais cela n’est point vrai. Les citoyens des États libres ont défendu et encouragé le système : plus coupables devant le divin tribunal pour cette participation que ne le sont leurs frères du Sud ; car eux, ils n’ont à alléguer ni l’excuse de l’éducation, ni celle de l’habitude.

Si toutes les mères des États libres s’étaient émues dès l’origine, si elles avaient été touchées comme elles auraient dû l’être, leurs fils n’eussent jamais été détenteurs d’esclaves, et ne passeraient pas proverbialement pour être les maîtres les plus durs ; leurs fils n’eussent pas