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car la candeur et la bonne foi étaient grandes chez lui. Un point de la question qu’il n’avait jamais envisagé lui fut mis sous les yeux, et il déclara immédiatement que si l’esclave exprimait en sa présence le désir d’être libre, il promettait de l’affranchir. L’entrevue eut lieu en conséquence, et Nathan fut interrogé par son jeune maître, qui lui demanda si jamais, en quoi que ce fût, il avait eu à se plaindre de la façon dont il était traité ?

« Non, maître, dit Nathan, vous avez toujours été bon pour moi.

— Eh bien, pourquoi me veux-tu quitter ?

— Maître peut mourir. Alors, à qui tomberaîs-je ? — Non, je préfère avoir ma liberté. »

Après un moment de réflexion, le maître répliqua : « À ta place, Nathan, je penserais probablement de même ; — tu es libre. »

Et sans retard il dressa l’acte d’affranchissement, le remit aux mains du quaker, avec une somme d’argent destinée à aider le jeune homme dans sa nouvelle voie, et il y joignit une lettre remplie de sages et affectueux conseils adressés à son ancien esclave. Cette lettre a été quelque temps entre les mains de l’auteur de ce livre.

Elle espère avoir rendu justice à la noblesse, à la générosité, à l’humanité qui distinguent parfois les habitants du Sud. Mais si de tels exemples empêchent de désespérer de notre race, nous le demandons à tous ceux qui connaissent un peu le monde, des caractères de ce genre ne sont-ils pas toujours, et partout, des exceptions ?

Durant la plus grande partie de sa vie, l’auteur a évité toute lecture, toute allusion qui eussent trait à la question de l’esclavage. Le sujet lui semblait trop pénible, et elle comptait sur l’accroissement des lumières et de la civilisation pour faire justice de ce reste de barbarie. Mais, depuis l’acte de la législature, en 1850, quand, à