Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/603

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le bruit des roues se fit entendre.

« Massa Georgie ! » dit Chloé, se précipitant à la fenêtre.

Madame Shelby courut à la porte d’entrée, où son fils la serra dans ses bras. Tante Chloé demeurait immobile, s’efforçant de toute la puissance de ses yeux de découvrir quelqu’un dans l’obscurité.

« Oh ! pauvre tante Chloé ! dit George avec émotion, en s’arrêtant près d’elle, et serrant sa main rude et noire entre les siennes, j’aurais donné tout — tout ce que je possède pour le ramener avec moi ; mais il est parti, — il est allé dans un meilleur monde. »

Madame Shelby poussa une exclamation de douleur, mais Chloé ne dit rien.

Ils entrèrent au salon. L’argent dont Chloé était si fière était étalé sur la table.

Elle le réunit, le tendit d’une main tremblante à sa maîtresse. « Là, dit-elle, je veux plus jamais le voir, ni en entendre parler. Je savais comment ça finirait : — vendu et assassiné là-bas sur ces abominables plantations ! »

Chloé se détourna, et se dirigea orgueilleusement vers la porte. Madame Shelby la suivit, prit une de ses mains, l’attira doucement sur une chaise, et s’assit près d’elle :

« Ma pauvre bonne Chloé ! »

La fidèle créature pencha sa tête sur l’épaule de sa maîtresse et sanglota : « Oh ! excusez, maîtresse, pauv’ cœur à moi est fendu ! — C’est tout !

— Je le sais, dit madame Shelby, dont les larmes tombaient pressées. Je ne puis le guérir, mais Jésus le peut, lui : il cicatrise les cœurs brisés et panse leurs plaies. »

Il y eut un long silence ; tous pleuraient ensemble. Enfin, George, assis près de la pauvre affligée, lui conta, avec une émouvante simplicité, la glorieuse mort de son