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LA CASE DE L’ONCLE TOM

Pendant cet aparté, deux barils vides avaient été roulés dans la case, et assujettis avec des pierres. Des planches posées dessus en travers, un assortiment de baquets et de seaux renversés, flanqués de quelques chaises boiteuses, complétèrent les préparatifs.

« Massa Georgie lit si bien ! dit tante Chloé ; s’il restait pour faire la lecture ? c’est ça qui serait intéressant ! »

Massa Georgie ne demandait pas mieux. Quel est le garçon qui ne se complaise à ce qui lui donne de l’importance ?

La case s’emplit bientôt d’un assemblage bigarré, depuis le vieillard octogénaire jusqu’à la plus jeune fille et à l’adolescent. Il s’établit un innocent commérage sur divers sujets : « Où donc tante Sally a-t-elle gagné ce beau foulard rouge tout neuf ?

— Bien sûr, maîtresse donnera à Lizie sa robe de mousseline à pois, quand Lizie aura fini la robe de barège à maîtresse. — On assurait que maître Shelby songeait à faire emplette d’un nouveau cheval bai, qui ajouterait encore à la splendeur de la grande maison. »

Un petit nombre de disciples appartenant aux familles voisines, qui leur donnaient permission de venir à l’assemblée, y apportaient aussi leur contingent de nouvelles, et les commentaires sur les dires et faires de chacun circulaient là, tout aussi librement que la même menue monnaie dans de plus hauts cercles.

Enfin, à l’évidente satisfaction de tous, le chant commença. Les voix naturellement belles, les airs sauvages et accentués, produisaient un effet frappant en dépit des intonations nasales des chanteurs. C’était tantôt les paroles des hymnes adoptées dans les églises d’alentour, tantôt des bribes d’invocations bizarres et vagues, recueillies dans les campements religieux. Un des refrains se chantait surtout avec beaucoup d’énergie et d’onction :