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devant nous et nos enfants. Notre race puissante roulera les flots de la civilisation et du christianisme le long de ces magnifiques rivages, et plantera des républiques vigoureuses qui, croissant avec la rapidité des végétations tropicales, éblouiront les siècles futurs.

« Direz-vous que j’abandonne mes frères captifs ? Je ne le pense pas. Ah ! si jamais je les oubliais une heure, un moment, puisse à son tour Dieu m’oublier ! Mais ici que ferais-je pour eux ? Puis-je briser leurs chaînes ? non ; comme individu. Faisant partie d’une nation ayant voix parmi les nations, c’est autre chose. Alors nous nous ferons écouter. Un peuple peut discuter, remontrer, implorer, exiger même et soutenir la cause de sa race : un individu ne peut rien.

« Si jamais l’Europe devient un grand conseil de nations éclairées et libres, — et j’ai foi en Dieu que ce temps arrivera, — si tout servage, toute injuste et oppressive inégalité disparaissent, si tous les peuples, comme l’ont fait Français et Anglais, reconnaissent notre indépendance ; alors nous en appellerons à ce congrès suprême, et nous plaiderons devant lui la cause de notre race opprimée et souffrante. Il est impossible qu’alors l’Amérique détrompée ne s’empresse pas d’effacer elle-même la barre sinistre qui souille son écusson, la dégrade au milieu des peuples, et devient pour elle, une malédiction pire que pour ceux mêmes qu’elle opprime.

« Vous me dites que notre race a, pour se fondre dans la république américaine, les mêmes droits que les Irlandais, les Allemands, les Suédois ? Je vous l’accorde ; elle en a même de plus légitimes. Nous devrions être libres de nous associer, de nous mêler aux Américains — de nous élever parmi eux, selon le mérite personnel, sans considération de caste ou de couleur. Ceux qui nous dénient ce droit mentent aux principes mêmes d’égalité humaine qu’ils professent. Ici nos droits devraient