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CHAPITRE IV.

rien, » opina tante Chloé. Mais comme depuis un temps infini l’assemblée se tenait une fois la semaine chez l’oncle Tom, sans que le nombre des sièges eût augmenté, il était probable qu’on trouverait encore cette fois des expédients.

« L’oncle Paul, li chanter si fort l’aut’fois, que li en avoir cassé les deux pieds de derrière de la vieille chaise, dit Moïse.

— Veux-tu te taire ! c’est bien plutôt toi qui les as arrachés, vaurien !

— Chaise, li tenir tout de même, si campée droit contre le mur, suggéra Moïse.

— Oncle Paul, li pas s’asseoir dessus, reprit Pierrot, parce que li toujours se trémousser si fort en chantant ! L’autre soir, li faillir tomber tout au travers de la case.

— Si, Seigneur bon Dieu ! faut laisser li s’asseoir, reprit Moïse ; li commencer : « Accourez, saints et pécheurs ; écoutez, petits et grands ! » Et patatras ! v’la li parterre ! » Moïse imita avec une rare précision le chant nasillard du vieux, et fit une culbute pour illustrer la catastrophe.

« Voyons ! vous tiendrez-vous décemment, à la fin ? dit tante Chloé. N’avez-vous pas de honte ? »

Cependant massa Georgie ayant ri avec le coupable, et déclaré que Moïse était « un drôle de corps, » l’admonestation maternelle manqua son but.

« Eh vieux ! dépêche donc ! va chercher les barils : roule-les par ici !

— Barils à mère, li jamais manquer, murmura Moïse à Pierrot : tout comme cruche d’huile à la veuve du bon livre[1], tu sais, où massa Georgie lisait l’autre jour.

— Aie ! mais baril li défoncer la semaine dernière, répliqua Pierrot, et eux dégringoler tout au milieu de la prière ! Baril, li manquer cette fois-là ; pas vrai ? »

  1. La Bible.