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« Est-il possible ! — est-il possible ! dit-il ; et il tomba à genoux près de l’agonisant. — Oncle Tom. — Mon pauvre ami, mon cher, mon vieil ami ! »

Quelque chose du son de la voix pénétra l’oreille du mourant ; il remua un peu et très-doucement la tête, sourit et murmura :

« Si Jésus touche le chevet,
Le lit entier n’est que duvet. »

Des larmes, qui faisaient honneur à son cœur viril, tombèrent des yeux du jeune homme, penché sur son vieil ami

« Ô cher oncle Tom, éveillez-vous ! — parlez encore une fois, — ouvrez les yeux, — c’est votre petit Georgie, votre massa Georgie, — ne me reconnaissez-vous plus !

— Massa Georgie ! dit la faible voix ; et Tom rouvrit les yeux. — Massa Georgie ! » — et il parut troublé.

L’idée, le souvenir, se firent jour lentement dans son âme. Le vague regard devint fixe, l’œil s’éclaira, une lueur illumina les traits, les faibles et rudes mains se rapprochèrent, se joignirent, et deux larmes coulèrent le long des joues.

« Béni soit le Seigneur ! — c’est — ah ! c’est — c’est — tout ce qui me manquait ! Ils ne m’avaient pas oublié ! Ah ! cela réchauffe l’âme, — ça fait bien au pauvre vieux cœur ! À présent, oh ! je meurs content ! Bénis le Seigneur ô mon âme !

— Non, vous ne mourrez pas ! Il ne faut pas que vous mourriez ! Ne pensez pas à nous quitter : je viens vous racheter, je vous remmène ! s’écria George avec une impétueuse véhémence.

— Ô massa Georgie ! venu trop tard ; — c’est le Seigneur Jésus qui m’a acheté ; il m’appelle à sa demeure — J’ai hâte d’y aller. Mieux vaut le ciel que le Kintuck !

— Oh ! il ne faut pas mourir, cela me tuerait ! — Je