Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/558

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Soit ! En tout cas, je suis fort aise de ne plus coucher au-dessous. »

Prévoyant que le vent augmenterait ce même soir, Cassy avait d’avance ouvert la lucarne ; et, dès que la porte avait donné issue au souffle furieux, il avait enfilé l’escalier et éteint la lumière.

Cassy continua le même jeu jusqu’à ce que Legris en vînt à ce point qu’il eût mieux aimé mettre sa tête dans la gueule d’un lion, que d’explorer le grenier maudit. Cependant, elle s’y rendait chaque nuit, et y accumula peu à peu assez de vivres pour y pouvoir subsister quelques jours. Elle y transporta aussi, à l’heure où tous dormaient, la plus grande partie de sa garde-robe et de celle d’Emmeline. Ces arrangements terminés, elle attendit une occasion favorable.

En cajolant Legris, et saisissant une éclaircie dans son humeur noire, elle avait obtenu de l’accompagner à la ville voisine, située sur la rivière Rouge. La mémoire merveilleusement aiguisée par l’espérance, elle observa, pendant l’allée et le retour, chaque tournant de la route, et se forma une idée juste du temps nécessaire pour la parcourir.

Enfin, le moment décisif approchait. Legris était allé à cheval visiter une ferme des environs. Depuis plusieurs jours, Cassy était d’une grâce et d’une aménité peu ordinaires, et ils étaient ensemble, du moins en apparence, sur les meilleurs termes.

La nuit tombait. Emmeline et Cassy, enfermées dans la chambre de la première, faisaient en hâte deux petits paquets.

« Ils suffiront, dit Cassy ; maintenant, mettez votre chapeau et partons : il est temps.

— Mais on peut encore nous voir.

— C’est ce que je veux, reprit froidement Cassy. Ne savez-vous pas qu’en tout cas ils nous donneront la chasse ? Voilà mon plan : nous allons nous glisser dehors