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— Écoutez bien, dit Tom ; nous avons des correspondants à Sandusky, qui visitent les bateaux pour nous, je vous en avertis. Ma foi tant pis ! — J’espère qu’ils se sauveront, quand ça ne serait que pour faire enrager ce chien de Marks, — le maudit lâche ! — Dieu le damne !

— Thomas ! Thomas ! se récria tante Dorcas.

— Je vous dis, bonne maman, que si vous bouchez la bouteille trop fort, elle craque, et moi de même ! Mais, pour en revenir à la fille, dites-lui de se déguiser. Ils ont son signalement là-bas à Sandusky.

— Nous y veillerons, » dit Dorcas avec son calme caractéristique.

Avant de prendre congé de Tom Loker, nous devons ajouter qu’après trois semaines passées dans la maison quaker, malade d’une fièvre rhumatismale, qui s’était jointe à tous ses autres maux, Tom se releva un tant soit peu plus triste et plus sage. Renonçant à traquer les esclaves, il s’établit dans une colonie nouvelle, où ses talents se développèrent de la façon la plus heureuse ; chassant et prenant au piège nombre de loups, d’ours et autres habitants des forêts, il se fit un véritable renom dans toute la contrée. Lorsqu’il parlait des quakers, c’était toujours avec estime : « De braves gens ! disait-il ; ils auraient voulu me convertir, mais il y avait toujours quelque chose qui clochait. Par exemple, ils n’ont pas leurs pareils pour soigner un malade ! Quel fameux bouillon ! et quelles bonnes petites broutilles, pour vous remettre en appétit ! »

D’après les renseignements donnés par Tom, les fugitifs jugèrent prudents de se séparer. Jim et sa vieille mère partirent des premiers. Une ou deux nuits après, Georges, sa femme et son enfant furent conduits à Sandusky, et logés sous un toit hospitalier, en attendant qu’ils s’embarquassent le lendemain sur le lac.

La nuit touchait au matin, et l’étoile de la liberté brillait maintenant devant eux. Liberté ! mot électrique.