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CHAPITRE IV.

tassa les beignets sur son assiette. « Vous saviez bien que votre bonne tantine vous garderait le meilleur. Ah ! il n’y a pas besoin de vous en dire long, à vous, rusé ! »

Elle accompagna ce discours facétieux d’un coup de coude pour en aiguiser la pointe, et revint au gril avec une nouvelle ardeur.

Quand l’activité dévorante de l’appétit de Georgie fut un peu calmée, il s’écria, en brandissant un large coutelas : « Au tour du gâteau, maintenant !

— Dieu vous bénisse ! massa Georgie, dit la tante Chloé, en lui arrêtant le bras ; vous n’auriez pas le cœur de la couper avec ce grand couteau, pour le massacrer tout en miettes, et gâter sa bonne mine ! Tenez, voilà une vieille lame mince que j’ai repassée tout exprès. Parlez-moi de ça ! Se coupe-t-il net et bien ! — Une pâte levée, légère comme une plume. — À présent, régalez-vous, mon mignon, vous n’en mangerez pas souvent de meilleur.

— Tom Lincoln dit pourtant, reprit Georgie, la bouche pleine, que leur Jinny est meilleure cuisinière que toi, tante Chloé.

— C’est pas grand’chose que ces Lincoln, répliqua tante Chloé, d’un ton méprisant. Je veux dire par comparaison avec notre monde. — De petites gens, assez respectables dans leur genre ; mais pour ce qui est de savoir vivre, ils ne s’en doutent pas. Mettez seulement maître Lincoln à côté de maître Shelby, seigneur bon Dieu ! Et maîtresse Lincoln — c’est pas elle qui entrerait dans un salon comme maîtresse Shelby — avec un grand air, faut voir ! Allez, allez ! ne me parlez pas de vos Lincoln ! » Et la tante Chloé releva la tête, de l’air d’une personne qui sait son monde.

« Je croyais, reprit Georgie, t’avoir entendu dire que Jinny était assez bonne cuisinière ?

— Peut-être bien, pour un petit ordinaire ; pas dit qu’elle ne s’en tire. Elle saura vous faire une bonne fournée de pain, bouillir des pommes de terre à point ; mais,