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elle la reconnut, s’élança au devant d’elle, lui saisit le bras, et s’écria :

« Ô Cassy, est-ce vous ? Je suis si contente que vous veniez ! J’avais si grand’peur que ce fût… Oh ! vous ne savez pas quel effroyable bruit il y a eu là-bas toute la soirée !

— Je dois le connaître, répondit sèchement Cassy ; je l’ai assez entendu !

— Oh ! dites, Cassy ! ne pourrions-nous fuir ? n’importe où ! — dans les marais, au milieu des serpents, partout ! Ne pourrions-nous nous sauver quelque part, hors d’ici ?

— Nulle part que dans nos tombes, dit Cassy.

— N’avez-vous jamais tenté ?

— J’ai vu assez de tentatives, et ce qui en résulte, répliqua-t-elle.

— Je préférerais vivre dans les marais, ronger l’écorce des arbres. Les serpents ne me font pas peur ! J’aimerais mieux en voir un auprès de moi que cet homme, dit Emmeline avec énergie.

— Bien d’autres ici ont pensé de même ; mais vous ne pourriez rester dans le marais ; — vous y seriez traquée par les chiens et ramenée, et alors, — alors…

— Que ferait-il ? demanda la jeune fille regardant Cassy en face, et perdant haleine d’anxiété.

— Demandez plutôt ce qu’il ne ferait pas ! Il a bien appris son métier parmi les pirates des Indes occidentales. Vous ne dormiriez plus si je vous contais les choses que j’ai vues ; — les choses qu’il cite, parfois, comme de bons tours. J’ai entendu ici des cris tels que je ne pouvais les chasser de ma tête pendant des semaines et des mois. Là-bas, près des cases, il y a un endroit où vous pourriez voir un arbre calciné par le feu, au pied duquel sont amoncelées des cendres noires. Demandez-leur ce qui s’est passé là : vous verrez s’ils osent vous répondre !