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leurs danses infernales chasseront de ma tête ces horribles cauchemars. » Legris mit son chapeau, s’avança sur la véranda, et donna du cor pour appeler ses deux noirs piqueurs.

Quand il était en gracieuse humeur, il faisait souvent venir ces dignes satellites ; et, après les avoir échauffés de whisky, s’amusait à les faire chanter, danser ou s’entre-battre, selon son caprice du moment.

Cassy rentrait, après sa visite au pauvre Tom : il pouvait être une heure ou deux du matin ; elle entendit partir du salon des cris sauvages, des hurlements, des chants barbares, mêlés aux aboiements des chiens, sorte de tintamarre diabolique.

Elle franchit les marches de la véranda, et regarda dans l’intérieur. Legris et ses deux compagnons, ivres et furieux, criaient, vociféraient, tourbillonnaient, renversaient les chaises, et se faisaient les uns aux autres de hideuses et repoussantes grimaces.

Sa petite main délicate posée sur la persienne, elle les considérait d’un œil fixe. Tout un monde d’angoisse, de mépris, de farouche amertume passa dans ses yeux noirs.

« Serait-ce donc péché que de débarrasser la terre d’un pareil misérable ? » se demanda-t-elle.

Elle se détourna précipitamment, et, faisant le tour pour gagner une entrée dérobée, elle se glissa dans l’escalier, et alla frapper à la porte d’Emmeline.


CHAPITRE XXXVII.

Emmeline et Cassy.


Cassy ouvrit, et aperçut Emmeline, pâle d’épouvante, blottie dans le coin le plus reculé de la chambre. À son entrée, la jeune fille eut un tressaillement nerveux ; mais