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bouillir l’eau de son punch. La lueur rougeâtre du charbon dévoilait le repoussant et confus aspect de la salle, — encombrée du haut en bas de selles, de harnais de toutes formes, de fouets, de manteaux et autres vêtements amoncelés, au milieu desquels campaient les bouledogues, s’en accommodant à leur guise, et se mettant à l’aise.

Legris s’apprêtait un bol de punch, et tout en versant de l’eau chaude d’une cruche ébréchée, grommelait entre ses dents :

« Peste soit de ce maudit Sambo ! qu’avait-il besoin de me mettre aux prises avec les nouveaux venus ! Voilà ce drôle hors d’état de travailler pour une semaine ! — juste au moment où la besogne presse le plus !

— Oui, et c’est bien de vous ! dit une voix derrière sa chaise. Cassy venait d’entrer et avait surpris son monologue.

— Ah ! c’est toi, démon-femelle ! tu mets les pouces ? tu reviens ?

— Oui, je reviens, dit-elle froidement, mais pour en faire à ma tête.

— Tu mens, sorcière ! Je te tiendrai parole. Ainsi marche droit, ou reste aux cases, à travailler et à manger avec le troupeau.

— J’aimerais dix mille fois mieux, répondit la femme, vivre là-bas dans le plus sale trou, que d’être ici sous votre griffe.

— Mais tu y es sous ma griffe, après tout, lui dit-il, se tournant vers elle avec une grimace sauvage, et c’est ce qui m’en plaît. Ainsi, assieds-toi là, sur mes genoux, ma belle, et entends raison. Et de sa main de fer il lui saisit le poignet.

— Simon Legris, prenez garde ! » s’écria la femme. Son œil darda un éclair si foudroyant, un regard si aigu et si égaré, qu’elle était effrayante à voir.

— Vous avez peur de moi, Simon, dit-elle d’un ton