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dont le chapeau était complètement dépourvu de bord, et qui se montrait fort obséquieux autour de lui ; comment les choses ont-elles marché par ici ? hein ?

— À ravir, maît’.

— Quimbo ! cria Legris à un autre, qui se morfondait en efforts pour attirer son attention, a-t-on fait ce que j’avais dit ?

— Pas de danger qu’on y manque, maît ! »

Ces deux hommes étaient les principaux agents de Legris sur sa plantation, et il les avait systématiquement dressés à la brutalité, à la cruauté, comme ses boule-dogues, avec lesquels ils pouvaient rivaliser de férocité. La remarque, assez générale, que le commandeur nègre est plus tyrannique et plus cruel que le blanc, signifie simplement que l’un a été plus avili, plus maltraité que l’autre. Peu importe la couleur ou la race, tout esclave sera le pire des tyrans dès qu’il aura chance de l’être.

Comme quelques-uns des potentats dont nous lisons l’histoire, Legris divisait pour régner. Sambo et Quimbo se haïssaient cordialement ; tous les esclaves de la plantation les abhorraient, et en encourageant les délations mutuelles, le maître était sûr d’être, d’une façon ou d’une autre, mis au fait de tout ce qui se tramait autour de lui.

Qui pourrait renoncer complètement à toute société ? Personne. Legris lui-même encourageait chez ces principaux satellites noirs une sorte de familiarité, qui devenait aisément un piège ; car, à la moindre provocation, le maître n’avait besoin que d’un signe, et l’un des deux devenait le ministre de ses vengeances sur l’autre.

Là, devant le maître, leurs traits grossiers et bas, leur sombre expression, leurs regards d’envie et de haine qu’ils échangeaient en roulant les larges prunelles, les haillons que le vent faisait flotter autour d’eux, leur langage barbare, leurs intonations gutturales, les ravalaient