Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— dans l’œil, — face à face ! » dit-il en frappant du pied à chaque pause.

Tous les yeux, comme fascinés, fixèrent l’œil luisant et verdâtre de Simon.

« À présent, dit-il en fermant sa grosse et lourde main en manière de marteau de forge, voyez-vous ce poing ? — Pesez-le ! — et il l’abattit sur la main de Tom. — Regardez-moi ces os !… Eh bien, je vous déclare que ce poing est devenu aussi dur que du fer à terrasser les nègres ! Je n’en ai pas encore vu un, que je n’aie pu jeter bas d’un seul coup. Il ramena ce redoutable poing si près du visage de Tom, que celui-ci sourcilla et se recula un peu. Je ne m’amuse pas à payer de vos damnés commandeurs ; je commande moi-même ; et j’y ai l’œil et la main. Vous n’aurez donc qu’à emboîter le pas, — à marcher vite et droit, dès que je parle. C’est le seul moyen de vous en tirer. Vous ne trouverez pas un seul point mou dans toute ma personne ; non, pas un. Ainsi, prenez garde à vous ! car je suis impitoyable ! »

Les femmes retenaient leur souffle, et toute la bande demeura consternée. Simon tourna sur le talon, et alla se faire servir un verre de rhum à la buvette.

« C’est là ma façon de débuter avec mes nègres, dit-il s’adressant à un homme, d’une tournure distinguée, qui avait assisté à son discours. J’ai pour système de commencer par le plus fort, afin qu’ils sachent à quoi s’en tenir.

— En vérité ! dit l’étranger, le regardant avec la curiosité d’un naturaliste qui étudie quelque rare spécimen.

— Oui, vraiment. Je ne suis point de vos gentilshommes planteurs, à doigts de lis, qui se laissent mener et flouer par quelque vieux renard de commandeur ! Tâtez seulement mes charnières ; — et il présenta ses articulations à l’examen. — Regardez-moi ce poing ! voyez plutôt si la chair n’en est pas devenue comme de la pierre, à force de s’escrimer sur les nègres. — Tâtez ! tâtez !