Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/416

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXVIII.

Voici la fin de ce qui est terrestre.

John Quincy Adams


Dans la chambre d’Éva, les statuettes et les tableaux sont voilés de blanc : des pas assourdis, des souffles étouffés en troublent seuls le silence solennel ; un demi jour pâle pénètre à travers les jalousies fermées.

Le lit est drapé de blanc ; là, sous les ailes de l’ange en prières, repose une forme endormie, — endormie pour ne plus s’éveiller ! Elle gît — vêtue d’une des simples robes blanches qu’elle avait coutume de porter durant sa vie. Les reflets rosés des rideaux répandent sur la pâleur rigide de la mort une teinte chaude. Les longs cils s’abaissent sur ces joues si pures ! La tête est un peu tournée sur le côté, comme dans le sommeil ; mais chaque trait du visage est empreint de cette expression céleste, mélange de ravissement et de paix, qui annonce que ce n’est plus le sommeil passager et terrestre, mais le long et suave repos que le Seigneur accorde à ses bien-aimés.

« Il n’y a pas de mort pour toi et tes pareilles, chère Éva ! ni ses épouvantements, ni ses ténèbres ; rien qu’un brillant crépuscule, comme quand l’étoile du matin pâlit devant les feux de l’aube. Tu as remporté la victoire sans le combat, — la couronne, sans la lutte. »

Ainsi pensait Saint-Clair, tandis que debout, les bras croisés, il la contemplait en silence. Ah ! qui eût pu sonder l’abîme de sa douleur ! Depuis l’heure funeste où, dans la chambre mortuaire, une voix avait dit : « Elle a passé ! » un brouillard enveloppait tout ; nuit ténébreuse de l’âme en ses angoisses ! Il avait entendu parler autour de lui : on l’avait questionné, il avait répondu. On lui avait demandé quand il voulait que se fissent les funérailles, et où il souhaitait qu’elle fût déposée : il avait dit, avec impatience ; que peu lui importait !