tomba aussitôt. Lorsqu’il releva la tête, il vit sur ce visage bien-aimé le spasme de l’agonie. — Elle luttait pour respirer, — elle agitait ses petites mains.
« Oh ! Dieu, c’est affreux ! » s’écria-t-il, se détournant avec angoisse, et tordant la main de Tom sans savoir ce qu’il faisait : « Oh ! Tom, mon garçon ! ah ! cela me tue ! »
Tom pressait entre les siennes les deux mains de son maître ; les larmes ruisselèrent de ses yeux levés au ciel ; il cherchait l’aide là-haut, d’où il l’attendait toujours.
« Prie que ce soit court ! murmura Saint-Clair. — C’est une horrible torture.
— Oh ! béni soit le Seigneur ! c’est passé, — c’est fini ! cher maître, regardez ! »
L’enfant palpitante restait renversée sur ses oreillers à demi pâmée : — ses grands yeux limpides et fixes tournés en haut. — Ah ! que disaient ces yeux qui parlaient tant du ciel ? La terre et ses souffrances avaient fui ; mais l’éclat triomphant de ce visage était si solennel, si mystérieux, qu’il réprimait jusqu’aux sanglots de la douleur. Tous se serraient autour d’elle dans un silence sans souffle.
« Éva ! » dit doucement Saint-Clair.
Elle n’entendit pas.
« Ô Éva ! dis-nous ce que tu vois ? que vois-tu ? » s’écria son père.
Un brillant, un glorieux sourire illumina toute sa figure, et elle dit en mots entrecoupés : « Ô amour, — joie, — paix ! » Puis un soupir, et elle avait passé de la mort à la vie.
Adieu, enfant bien-aimée ! les portes brillantes, les portes éternelles sont closes sur toi. Nous ne reverrons plus ton doux visage ! Malheur à ceux qui l’ont vue entrer aux cieux lorsqu’ils se réveilleront, pour ne plus trouver que le jour terne et gris de la terre, et toi, sa lumière, à jamais éclipsée !