Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même ferveur de foi ; mais en lui nul sentiment ne vibrait à l’unisson.

À partir de ce moment, le déclin fut rapide. Il n’y avait plus la possibilité d’un doute, et les plus ardentes espérances n’auraient pu s’aveugler. La ravissante retraite d’Éva était devenue une chambre de malade, où miss Ophélia remplissait, de jour, de nuit, l’office de la garde la plus dévouée ; — jamais ses amis n’avaient eu lieu de l’apprécier aussi haut. L’œil, la main si exercés, tant d’adresse, une si parfaite pratique de tous les petits soins qui peuvent maintenir l’ordre, la propreté, soulager la souffrance, écarter de la vue tous les incidents pénibles de la maladie ; — une appréciation si juste du temps ; une tête toujours ferme, toujours présente, une mémoire sûre, une ponctualité scrupuleuse à suivre les ordonnances des médecins ; c’était sur elle seule que se reposait Saint-Clair. Après avoir souri jadis de ses petites singularités, de ses habitudes minutieuses, si opposées à l’insouciante liberté de manières des habitants du Sud, on reconnaissait maintenant son inestimable prix.

L’oncle Tom se tenait souvent dans la chambre d’Éva : l’enfant, qui souffrait d’une agitation nerveuse, éprouvait un vrai soulagement à être portée, et la plus grande joie de Tom était de tenir entre ses bras, sur un oreiller, le frêle et fragile petit être, qu’il transportait ça et là dans la chambre, sous la véranda. Et quand soufflait la fraîche brise de mer, quand au matin Éva se sentait un peu plus forte, il la promenait quelquefois sous les orangers du jardin, ou bien, s’asseyant un moment dans quelques-uns des endroits qu’elle aimait, il lui chantait ses hymnes favoris.

Son père la portait aussi ; mais, moins fort que Tom, il se fatiguait plus vite.

« Oh ! papa, lui disait Éva, laissez Tom me prendre. » Le pauvre cher oncle Tom ! cela lui fait tant de plaisir ! —