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CHAPITRE XXVI.

La petite évangéliste.


On était au dimanche après midi. Saint-Clair, étendu sur un canapé de bambou, savourait son cigare dans la véranda. En face, devant la fenêtre ouverte du salon, défendue des atteintes des moustiques par un rempart de gaze hermétiquement fermé, sa femme, ensevelie dans les coussins d’un sofa, tenait à la main, vu le jour, un livre de prières élégamment relié. Elle s’imaginait avoir lu, — quoique par le fait elle eût seulement laissé le livre ouvert devant elle, pendant une succession de siestes.

Miss Ophélia, parvenue enfin à découvrir, à peu de distance, une petite congrégation méthodiste, s’était rendue en voiture à l’assemblée, accompagnée d’Éva et conduite par Tom.

« Décidément, Augustin, dit Marie, après s’être assoupie un moment, il faut envoyer en ville chercher mon vieux docteur Posey. J’ai une maladie de cœur, je le sens.

— Mais pourquoi le docteur Posey ? Le médecin qui soigne Éva me semble fort habile.

— Oh ! je ne me fierais pas à lui en pareil cas. C’est grave : je ne puis me faire illusion ! Je n’ai fait qu’y songer ces deux ou trois dernières nuits. Ce sont de telles angoisses, des sensations si extraordinaires !

— Oh ! Marie, vous broyez du noir ! Je n’ai pas foi à cette maladie de cœur !

— Je le savais d’avance, je m’y attendais, je vous assure ! Si Éva tousse le moins du monde, si elle a le plus léger bobo, vous êtes tout alarmes ; mais moi, que vous importe !

— Si vous tenez absolument à avoir une maladie de cœur, soit ; je ne veux que ce qui peut vous être agréable, dit Saint-Clair ; seulement, prévenez-moi.