la face, le prit par le bras, le força à se mettre à genoux, et le battit jusqu’à en être hors d’haleine.
« Là, impudent chien ! je t’apprendrai à riposter ! Emmène ce cheval, et qu’il soit nettoyé comme il faut. Je te remettrai à ta place, entends-tu !
— Jeune maître, reprit Tom, je me doute de ce qu’il allait dire ; le cheval s’est roulé par terre au sortir de l’écurie. C’est si jeune ! si fougueux ! — Voilà comment la bête s’est éclaboussée ; je l’avais vu panser au matin.
— Retiens ta langue, toi, jusqu’à ce qu’on te parle ; » et Henrique, tournant sur le talon, monta les degrés pour aller rejoindre Éva, déjà toute prête en habit de cheval.
« Chère cousine, pardon si cet imbécile me force à vous faire attendre un moment. Asseyons-nous là. Il ne saurait tarder. Mais qu’y a-t-il, cousine ? vous avez l’air tout fâché.
— Comment pouvez-vous être si cruel, si méchant, avec ce pauvre Dodo ? dit Éva.
— Cruel ! — méchant ! reprit le jeune garçon, et sa surprise n’avait rien de joué. Que voulez-vous dire, chère Éva ?
— Ne m’appelez pas « chère Éva » quand vous agissez ainsi.
— Mais, chère cousine, vous ne connaissez pas Dodo ; il n’y a pas deux façons de le conduire ; il n’en finit jamais d’excuses et de mensonges. Il faut le mater tout d’abord, — ne pas lui laisser ouvrir la bouche. — Papa n’agit pas autrement.
— L’oncle Tom a dit que c’était un simple accident, et il ne dit jamais que la vérité.
— C’est un prodige de vieux nègre alors. Dodo dit autant de mensonges, lui, que de paroles.
— Il ment, parce que vous l’effrayez. C’est lui enseigner le mensonge, que le traiter comme vous faites !
— Si vous prenez si fort le parti de Dodo, Éva, vous allez me rendre jaloux.