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vous leur montreriez aussi à jouer du piano, à peindre sur velours ?…

— Je leur apprendrais à lire leur Bible, à écrire leurs lettres, à lire celles qu’on leur écrit, dit Éva avec assurance. Je sais, maman, qu’il est très-dur pour eux de ne pouvoir rien faire de tout cela. — C’est un chagrin pour Tom, — pour Mamie, pour d’autres encore ; — et puis maman, je pense que c’est mal.

— Allons, allons, Éva ; vous n’êtes qu’une enfant ! vous ne comprenez mot à tout cela, dit Marie, et votre babil me casse la tête. »

La migraine était toujours aux ordres de Marie des que la conversation prenait un tour qui ne lui allait pas. Éva se retira tout doucement ; mais, à partir de ce jour, elle donna assidûment à Mamie des leçons de lecture.


CHAPITRE XXIV.

Henrique.


Vers ce temps, Alfred, le frère de Saint-Clair, vint, avec son fils, garçon âgé de douze ans, passer un ou deux jours à la maison du lac, dans la famille de son frère.

L’aspect de ces jumeaux réunis avait, à la fois, quelque chose de beau et d’étrange. La nature, en les formant, s’était complu de tous points à créer, au lieu de ressemblances, de frappantes oppositions, et pourtant un lien mystérieux semblait resserrer leur amitié fraternelle.

Bras dessus, bras dessous, ils erraient dans les allées du jardin, en haut, en bas, partout ; Augustin, avec ses yeux bleus, ses cheveux d’or, ses formes souples et élégantes, ses traits animés, expressifs ; Alfred, avec ses noirs, son profil romain, hautain, inflexible, ses