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et élégantes vérandas de bambous, et situé au centre de jardins et de parcs. Le grand salon de réunion ouvrait sur un parterre, où abondaient les plantes pittoresques, les superbes fleurs des tropiques ; plusieurs sentiers ondulaient au milieu de cette magnifique végétation, et conduisaient jusqu’au bord du lac, dont la nappe argentée s’élevait et s’abaissait sous les rayons du soleil : — aspect admirable, et qui, sans cesse varié, paraissait toujours plus beau !

Le soleil à son déclin enflammait l’horizon ; le lac semblait un autre ciel rayé de rosé et d’or que traversaient, comme autant d’angéliques esprits, les blanches ailes des navires. S’éveillant au sein de cette gloire de pourpre, de petites étoiles commençaient à scintiller, et regardaient frémir leur faible image à la surface des eaux. Là, sous le berceau au bord du lac, par une belle soirée de dimanche, Éva et Tom s’étaient assis sur un tertre de mousse ; la Bible d’Éva était ouverte sur ses genoux, elle lut :

« Après cela, l’ange me fit voir un fleuve d’eau vive clair comme du cristal, et qui sortait du trône de Dieu… »

« Tom, dit Éva s’arrêtant tout à coup et montrant le lac : le voilà !

— Quoi, miss Éva ?

— Ne le voyez-vous pas ? — là ! répéta l’enfant, montrant les eaux transparentes, et les vagues qui reflétaient la pourpre et l’or du ciel.

— C’est vrai, miss Éva, dit Tom ; et Tom chanta :

Que l’aube me prête ses ailes,
Qu’un ange me tende la main,
Afin qu’aux rives éternelles,
Vers la Jérusalem nouvelle,
Je vole aux lueurs du matin !

— Où croyez-vous qu’elle soit, la nouvelle Jérusalem, oncle Tom ?