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essais sur une enfant, qui n’est que l’échantillon de milliers d’autres parmi nous.

— C’est votre système qui produit de pareils enfants, dit miss Ophélia.

— Je le sais ; mais ils sont là ! — ils existent… qu’en faire ?

— Allons ! je ne vous remercierai toujours pas de l’expérience ; mais comme il semble qu’il y ait là un devoir à remplir, je vais persévérer et faire de mon mieux, » dit miss Ophélia. En effet, elle travailla, avec un redoublement de zèle et d’énergie, sur son nouveau sujet. Elle institua des heures régulières d’études, et entreprit de lui enseigner à lire et à coudre.

La petite fille se montra alerte dans le premier art. Elle apprit ses lettres comme par magie, et fut bientôt en état de lire des phrases simples ; mais la couture alla moins bien. Aussi souple qu’un chat, aussi leste qu’un singe, toute assiduité lui devenait insupportable. En conséquence, elle cassait ses aiguilles, les jetait par la fenêtre à la dérobée, ou les faisait filer par quelques fentes ; elle emmêlait et salissait son fil, ou d’un geste adroit et léger lançait au loin les bobines. Ses mouvements étaient aussi prestes que ceux d’un jongleur de profession, et elle maîtrisait l’expression de ses traits avec non moins de puissance. Bien que miss Ophélia ne pût croire qu’une telle multiplicité d’accidents entrât dans l’ordre naturel des choses, il lui aurait fallu une vigilance de tous les moments pour prendre son élève en flagrant délit.

Topsy fut bientôt célèbre dans tout l’hôtel. Ses facultés pour toute espèce de bouffonneries, de grimaces, d’imitations burlesques, — ses talents pour danser, cabrioler, grimper, chanter, siffler, reproduire les sons qui frappaient son oreille, semblaient inépuisables. Aux heures de récréations, elle entraînait après elle tous les enfants, qui la suivaient émerveillés et bouche béante, — sans excepter Éva, fascinée par les diableries de Topsy,