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et elle y allait du même train. La voir était un vrai labeur



CHAPITRE XXI.

Topsy.


Un beau matin, miss Ophélia se livrait à ses occupations domestiques, lorsque la voix de Saint-Clair, qui l’appelait, se fit entendre au pied des escaliers.

« Descendez donc, cousine, j’ai quelque chose à vous montrer.

— Qu’y a-t-il ? demanda miss Ophélia, descendant, son ouvrage en main.

— J’ai fait une acquisition qui vous concerne, voyez ici ! » Et Saint-Clair poussa devant elle une petite négrillonne qui pouvait avoir huit à neuf ans.

Elle était des plus noires de sa race ; ses yeux ronds, brillants, inquiets, promenaient incessamment sur tout ce que contenait la chambre leurs étincelantes prunelles de jais. Sa bouche, entr’ouverte d’étonnement en présence des merveilles que renfermait le salon du nouveau maître, laissait apercevoir deux rangées de dents d’un éclatant émail. Ses cheveux laineux, divisés par tresses serrées en une multitude de petites queues droites, les plus drôles du monde, se hérissaient en tous sens. Il y avait dans sa physionomie un singulier mélange de sagacité et d’astuce, à demi voilé sous une solennelle expression de gravité dolente. Elle était à demi couverte d’un affreux et dégoûtant sarreau de toile à sac en guenilles, et se tenait droite, les mains modestement croisées devant elle. Tout l’ensemble répondait à l’idée qu’on se fait d’un lutin, d’un malin esprit. Comme l’avoua plus tard miss Ophélia, « cette petite mine sauvage et païenne lui avait tout d’abord fait peur ; » aussi, se tournant vers Saint-Clair :