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— C’est la lettre de Tom. Je lui aide à l’écrire, dit Éva. N’est-ce pas qu’elle est bien ?

— Je ne voudrais pas vous décourager tous deux, reprit Saint-Clair ; mais je crois, Tom, qu’il vaudra mieux que j’écrive la lettre pour toi ; et c’est ce que je ferai à mon retour de la promenade.

— Il est très-important qu’il écrive, s’écria Éva, parce que, vous saurez, papa, que sa maîtresse va envoyer de l’argent pour le racheter. Il m’a dit qu’on le lui avait promis. »

Saint-Clair pensa, à part lui, que c’était une de ces promesses en l’air que des maîtres affectueux font à leurs esclaves, pour leur alléger l’horreur d’être vendus, sans nulle intention de remplir l’attente qu’ils ont éveillée ; mais il n’en dit rien, et commanda seulement à Tom de lui amener les chevaux pour sortir.

Ce soir-là même la lettre fut régulièrement écrite par lui, et jetée à la poste.

Cependant, miss Ophélia persévérait toujours dans ses labeurs de ménagère, et toute la maison, depuis Dinah jusqu’au dernier marmiton, s’accordait à dire que c’était décidément une personne curieuse, terme par lequel un domestique du Sud témoigne de son antipathie pour ses supérieurs.

La haute compagnie de l’office, Adolphe, Jane et Rosa, déclarèrent que ce ne pouvait être une dame, vu que les dames ne travaillaient pas ainsi sans relâche ; de plus, miss Ophélia n’avait pas de belles façons : ils s’étonnaient vraiment qu’elle pût être parente des Saint-Clair. Marie, elle-même, assurait qu’elle était harassée de voir la cousine Ophélia toujours à l’ouvrage. Il est vrai que son activité était assez incessante pour justifier ces plaintes. Du matin au soir, elle ourlait, piquait, cousait avec l’énergie de quelqu’un qui se sent aiguillonné par la nécessité ; quand le jour baissait et que la couture avait disparu, l’inévitable tricot la remplaçait,