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classe au profit de l’autre, sans grand souci du bien-être de la classe confisquée.

— Je n’avais jamais envisagé la question de ce point de vue.

— Eh bien, j’ai voyagé quelque peu en Angleterre, j’ai parcouru bon nombre de documents sur l’état de ses classes inférieures, et je ne crois pas qu’on puisse contester l’assertion d’Alfred, que ses esclaves sont mieux traités qu’une grande portion de la population anglaise. Il ne faut pas conclure de ce que je vous ai dit qu’Alfred soit ce qu’on appelle un dur maître ; c’est un despote impitoyable pour toute insubordination. Il tirerait sur un nègre qui lui tiendrait tête, avec aussi peu de remords que sur un daim ; mais, en général, il met une sorte d’orgueil à ce que ses esclaves soient bien nourris et bien logés.

« Lorsque nous étions associés, j’insistai pour qu’il leur fit donner de l’instruction. Dans son désir de me complaire il eut un chapelain, et les fit catéchiser le dimanche ; mais je suis convaincu, qu’à part lui, il pensait qu’autant eût valu donner un aumônier à ses chiens et à ses chevaux. De fait, que peuvent quelques heures d’enseignement, un jour sur sept, pour la réforme d’une créature stupéfiée, abrutie, livrée à toutes sortes de mauvaises influences depuis sa naissance, et courbée toute la semaine sous le poids d’un écrasant travail ? Les instituteurs des écoles du dimanche dans les districts manufacturiers de l’Angleterre, et sur nos plantations, pourraient peut-être témoigner des mêmes résultats, ici et . Cependant il y a chez nous quelques exceptions frappantes, qui tiennent au sentiment religieux, plus développé chez le nègre que chez le blanc.

— Enfin, dit miss Ophélia, comment en êtes-vous venu à renoncer à votre vie de planteur ?

— Nous cheminions ensemble tant bien que mal, poursuivit Saint-Clair ; mais Alfred s’aperçut que je ne pouvais