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supposer que personne en ce monde ne fait que ce qu’il croit être bien ? vous-même n’avez-vous jamais rien fait, ne faites-vous jamais rien qui s’écarte de la droite ligne ?

— Si cela m’arrive, je m’en repens, j’espère, dit miss Ophélia faisant jouer ses aiguilles avec énergie.

— Moi aussi, reprit Saint-Clair en pelant une orange ; je passe ma vie à me repentir.

— Pourquoi continuez-vous alors ?

— N’avez-vous jamais continué de faire mal, après vous être repentie, ma bonne cousine ?

— Peut-être ; quand la tentation était très-forte, dit miss Ophélia.

— Eh bien ! pour moi aussi la tentation est forte, reprit Saint-Clair. C’est là que gît la difficulté.

— Mais, du moins, je suis toujours résolue à rompre avec le mal, et j’y tâche.

— J’ai pris la même résolution plus de cent fois depuis dix ans ; mais je ne sais comment cela se fait, je n’en suis pas plus avancé. Vous êtes-vous débarrassée de tous vos péchés, vous, cousine ?

— Cousin Augustin, dit miss Ophélia avec sérieux en interrompant son tricot, vous avez sans doute raison de réprouver mes erreurs. Je sais que tout ce que vous dites est vrai, — personne ne le sent plus que moi ; mais il me semble, cependant, qu’il y a quelque différence entre nous. Je crois que je me couperais la main droite plutôt que de continuer à faire, de jour en jour, ce que je juge être mal. Ma conduite, il est vrai, n’est pas toujours d’accord avec ma profession de foi, et c’est en quoi je mérite votre blâme.

— Maintenant, cousine, dit Augustin s’asseyant sur le parquet, et posant sa tête sur les genoux de miss Ophélia, n’y mettez pas tant de solennité ! Vous savez que j’ai toujours été un impertinent garçon, un franc vaurien, j’aime à vous taquiner, — voilà tout, — pour vous voir un peu en colère. Je vous crois parfaite, d’une bonté