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plancher et les tables, de manière à quintupler la confusion ; puis, elle allumait sa pipe, et ruminait à loisir sur ses rangements. Elle examinait chaque objet, discourait dessus, mettait tout le menu fretin à fourbir vigoureusement les ustensiles de cuivre, et tenait la maison pendant plusieurs heures dans un état d’énergique désordre, pleinement justifié, selon elle, par l’annonce que c’était « jour de nettoyage. » — Les choses ne pouvaient « durer comme ça ; » et elle tiendrait la main, dorénavant, à ce que ces « petits drôles » fussent mieux ordonnés : car Dinah nourrissait l’agréable illusion qu’elle était l’ordre incarné, et que c’était de la faute « de ces jeunesses » et de tous les habitants du logis, si l’on restait court en fait de perfection.

Quand les casseroles étaient récurées, les tables grattées et lavées à blanc, et que tout ce qui pouvait offusquer la vue avait été relégué dans les trous et recoins, Dinah, vêtue de ses plus beaux atours, un tablier blanc devant elle, coiffée d’un brillant madras, signifiait à tous les jeunes maraudeurs qu’ils eussent à s’interdire l’entrée de sa cuisine, où elle prétendait faire régner une propreté exemplaire.

Ces accès périodiques avaient bien leurs inconvénients ; Dinah contractait un respect immodéré pour l’éclat de sa batterie de cuisine fourbie à neuf, et ne pouvait se résoudre à la risquer au feu, jusqu’à ce que l’ardeur du jour de nettoyage fût un peu ralentie.

En une semaine miss Ophélia parvint à réformer une grande partie de la maison ; mais dès qu’il lui fallait la coopération des domestiques, ses labeurs devenaient aussi infructueux que ceux de Sisyphe et des Danaïdes. Un jour elle en appela, dans son désespoir, à Saint-Clair.

« Il n’y a vraiment pas moyen d’obtenir ici la moindre régularité.

— J’en suis convaincu, dit Saint-Clair.