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C’est entendu, » Et sans prendre garde aux railleries et aux huées de ses compagnons, Marks tint parole, et s’éloigna au grand galop.

« A-t-on jamais vu plus rampante vermine ? dit un des hommes. Nous amener ici pour faire ses affaires, et détaler en nous laissant dans la nasse !

— Ne nous faut-il pas aller ramasser son camarade ? dit un autre. Le diable m’emporte si je me soucie qu’il soit vivant ou mort ! »

Guidés par les gémissements, ils se frayèrent une route à travers les souches et les buissons jusqu’à l’endroit où gisait Tom, se plaignant et jurant tour à tour avec une égale véhémence.

« Vous vous tenez joliment en haleine, hé Tom ! dit l’un. Êtes-vous fort blessé ?

— Je n’en sais rien. Tâchez de me soulever ; aie ! aie ! maudit soit cet infernal quaker ! Sans lui j’en expédiais quelques-uns ici, en bas, pour voir si la promenade était de leur goût. »

On parvint, non sans beaucoup d’efforts et de peine, à remettre sur pied le héros déchu, et à le conduire, soutenu sous chaque bras, jusqu’au lieu où attendaient les chevaux.

« Si vous pouviez seulement me ramener à un mille en arrière, dans cette taverne. Donnez-moi un mouchoir, quelque chose à tamponner là, pour arrêter ce maudit sang. »

Georges regarda par-dessus les rocs ; il vit les hommes essayer de hisser sur la selle le gigantesque corps de Tom, qui, après deux ou trois tentatives infructueuses, tournoya sur lui-même, et retomba lourdement à terre.

« Oh ! j’espère qu’il n’est pas tué ! s’écria Éliza, qui regardait de loin avec les autres.

— Pourquoi pas, dit Phinéas ; il a été servi selon ses mérites.

— Oh ! c’est qu’après la mort vient le jugement ! dit la jeune femme.