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toute la responsabilité. Que des réfugiés hongrois, parvenus à se soustraire aux mandats et aux autorités de leur légitime gouvernement, mettent le pied en Amérique, la presse et les législateurs rivalisent d’applaudissements et de félicitations. Mais que des fugitifs africains au désespoir en fassent autant, c’est… hélas ! que n’est-ce pas ?

Quoi qu’il en soit, il est certain que l’attitude, l’œil, la voix, le geste frappèrent un moment de mutisme le groupe au dessous. Il y a quelque chose dans la hardiesse et la décision qui impose, même aux plus grossières natures. Marks, seul, ne fut pas ému. Il arma secrètement son pistolet, et profitant du silence qui suivit le discours de Georges, il le visa et tira.

« La somme à toucher dans le Kentucky est la même, qu’il soit mort ou vif, » dit-il froidement en essuyant son pistolet sur la manche de son habit.

Georges fit un bond en arrière, — Éliza poussa un cri, — la balle, après avoir effleuré les cheveux de son mari, avait passé près de sa joue, et s’était logée dans l’arbre au-dessus.

« Ce n’est rien, Éliza, dit vivement Georges.

— Tu feras mieux de te tenir hors de vue, et de ne plus pérorer, reprit Phinéas : c’est de la vraie racaille.

— Jim, dit Georges, regarde si tes pistolets sont en état, et veille avec moi au défilé. Je tire sur le premier qui se montre, toi sur le second, et ainsi de suite. Il ne faut pas, vois-tu, perdre deux coups sur un seul homme.

— Mais, si tu ne touches pas ?

— Je toucherai, dit Georges froidement.

— Bien ! murmura Phinéas entre ses dents ; il y a de l’étoffe dans ce garçon. »

Après le feu de Marks, l’ennemi parut un instant indécis.

« Je crois que le coup a porté, dit un des hommes. J’ai entendu un cri perçant.

— Je monte tout droit, pour mon compte, dit Tom. Je