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d’odorantes violettes. Des myriades de poissons d’or et d’argent, vivantes pierreries, étincelaient çà et là en se jouant à travers les eaux cristallines. Une mosaïque de cailloux, disposés en fantastiques dessins et encadrés dans un gazon fin et ras comme du velours, environnait la fontaine, et une allée sablée pour les voitures circulait autour du parterre. Deux grands orangers, alors en fleur, projetaient leur ombre, exhalaient leurs parfums. De nombreux vases en marbre blanc de sculpture arabe, rangés en cercle, ornaient les marges de gazon, et contenaient les plus rares fleurs des tropiques ; c’étaient de beaux grenadiers, avec leurs feuilles d’émeraude et leurs fleurs couleur de flamme, des jasmins d’Arabie à feuilles sombres, à étoiles d’argent ; ceux d’Espagne à fleurs d’or, des géraniums panachés ; de magnifiques rosiers courbés sous leurs guirlandes embaumées, des verveines à odeur de citronnelle. Toutes ces fleurs prodiguaient leurs parfums, leurs éclatantes couleurs ; et, de loin en loin, un triste et mystique aloès, aux feuilles étranges, massives, éternelles, vieux sorcier, regardait en pitié les grâces fugitives, les passagères fraîcheurs qui foisonnaient à ses pieds.

Des rideaux d’étoffes moresques relevés, mais qu’on pouvait abaisser à volonté pour exclure les rayons du soleil, festonnaient les galeries qui tournaient autour de cette enceinte, ou tout respirait le luxe et l’élégance.

Lorsque la voiture arriva dans la cour, Éva avait l’air d’un oiseau prêt à s’échapper de sa cage, elle ne pouvait contenir sa joie.

« N’est-ce pas, n’est-ce pas délicieux ! notre maison, notre chère, notre ravissante maison ! Oh ! n’est-ce pas bien beau, chère tante ?

— Pas mal, si cela n’avait pas l’air si antique et si païen, » dit Ophélia en sortant du fiacre.

Tom, déjà descendu, regardait autour de lui dans une calme béatitude. Le nègre, plante exotique, arraché