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— Très-sûr. Pierre est descendu hier avec le chariot à la station d’en bas ; il y a trouvé une vieille femme et deux hommes, dont l’un a dit se nommer Georges Harris, et, d’après ce qu’il a conté de son histoire, c’est lui, j’en suis certain : un beau et brave garçon ! — Le dirons-nous tout de suite à sa femme ?

— Consultons Ruth, dit Rachel. Ruth ! viens par ici ! »

Ruth posa son tricot, et fut sous le porche en un clin d’œil.

« Qu’en penses-tu, Ruth ? dit Rachel. Le père assure que le mari d’Éliza est parmi les derniers venus, et qu’il sera ici ce soir. »

Une explosion de joie de la petite quakeresse interrompit la mère. Elle fit un tel saut, en joignant ses petites mains, que les deux boucles rebelles, échappées encore une fois de leur cage, se dérouleront sur son blanc fichu.

« Paix ! chère ! dit doucement Rachel, paix, Ruth ! conseille-nous : faut-il le lui dire tout de suite ?

— Oui, certes, à la minute ! Supposons que ce fût mon John, je ne me soucierais pas d’attendre. Dites-le-lui tout droit.

— Tes retours sur toi-même sont encore de l’amour du prochain ! dit Siméon, dont la figure s’épanouit en regardant Ruth.

— Et sommes-nous ici-bas pour autre chose ? Si je n’aimais pas John et mon petit garçon, je ne pourrais pas me mettre à sa place, et me figurer tout ce qu’elle doit sentir. Allons, va lui dire, va vite ! — Et elle pressa de ses mains caressantes le bras de Rachel. — Emmène-là dans ta chambre, je me charge de faire rôtir le poulet. »

Rachel rentra dans la cuisine, où Éliza cousait ; et, ouvrant la porte d’une petite pièce voisine, elle lui dit de sa voix la plus douce : « Viens par ici, ma fille, j’ai des nouvelles à te donner. »