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L’hôte était tout zèle, et un relai d’environ sept nègres, jeunes et vieux, mâles et femelles, petits et grands, s’abattirent alentour comme une volée de perdrix, gazouillant, affairés, se poussant, se coudoyant, se marchant sur les talons, dans leur lutte à préparer la chambre « à maître, » tandis que ce dernier, assis au milieu de la salle, liait conversation avec son voisin.

Depuis l’entrée de l’étranger, M. Wilson n’avait cessé de l’examiner d’un œil inquiet et envieux. Il lui semblait l’avoir vu quelque part, mais où ? impossible de se le rappeler. Par moments, quand l’homme parlait, se remuait, souriait, le fabricant tressaillait et le regardait fixement ; puis il détournait la tête, dès que les yeux noirs et brillants rencontraient les siens avec une froide indifférence. Tout à coup un souvenir subit sembla l’éclairer, et il envisagea l’étranger d’un air à la fois si surpris et si effaré, que celui-ci se leva et vint droit à lui.

« Monsieur Wilson, je crois ? dit-il d’un ton de connaissance en lui tendant la main. Pardon de ne vous avoir pas reconnu plus tôt. Je vois que vous ne m’avez pas oublié. — M. Butler, d’Oaklands, comté de Shelby.

— Ou…i… oui… oui… monsieur, » répondit M. Wilson, comme s’il essayait de parler dans un rêve.

Un nègre vint annoncer que la chambre « à maître » était prête.

« Jim, voyez aux malles, dit négligemment le gentilhomme ; et s’adressant à M. Wilson, il ajouta : je désirerais avoir un moment d’entretien avec vous pour affaires, dans ma chambre, s’il vous plaît. »

M. Wilson le suivit, toujours de l’air d’un homme qui marche en rêvant. Ils montèrent au-dessus, dans une grande pièce, où pétillait un feu nouvellement allumé, et où plusieurs domestiques mettaient la dernière main aux arrangements de la chambre.

Tout étant terminé, ils sortirent ; le jeune homme ferma la porte, mit la clef dans sa poche, se retourna, et,