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arrondi mon petit lopin, je songerai sérieusement à mon âme. — À quoi bon se faire plus méchant que de raison ? — est-ce agir prudemment, je le demande ?

— Songer à votre âme ! répéta dédaigneusement Tom. Fameux lorgnon que celui qui découvrirait la vôtre ! — Ménagez le fret pour cette denrée-là, Haley, croyez-m’en. Si le diable s’avise jamais de vous passer au crible, je le défie, ma foi, de trouver trace d’âme !

— Ah çà, Tom, vous êtes par trop bourru, aussi ! Ne sauriez-vous prendre en bonne part ce qu’on ne vous dit que pour votre bien !

— Laissez donc reposer un peu vos mâchoires, Haley, vociféra Tom. Je puis endurer toutes vos balivernes, hors vos fadaises dévotes. — Vos prêches m’assomment, vous dis-je ! Quelle différence y a-t-il de vous à moi, s’il vous plait ? Est-ce que vous avez un brin plus de pitié, un brin plus de vergognes ou de quoi que ce soit ? — C’est de la bonne, belle et pure vilenie pour duper le diable et sauver votre peau. Croyez-vous qu’on ne vous devine pas avec toute votre religion, comme vous l’appelez ? Eh ! cela saute aux yeux ! affaire de tricher le diable, tirer quittance et ne pas payer.

— Allons, allons, messieurs, il ne s’agit pas de cela, dit Marks s’entremettant. Il y a différentes façons d’envisager les choses. M. Haley est un homme scrupuleux ; il a sa conscience, et vous, Tom, vous avez votre système, — et un bon système, Tom : mais les querelles n’avancent à rien. Voyons, monsieur Haley, de quoi s’agit-il ? de vous l’attraper la fille, n’est-ce pas ?

— La fille ne me concerne en rien : elle est aux Shelby ; c’est son petit seulement que je veux. — Sot que je suis d’avoir acheté le singe !

— Eh ! quand ne l’êtes-vous pas sot ? dit brusquement Loker.

— Allons, Tom, trêve aux bourrasques, reprit Marks se léchant les lèvres. Voyez ! voilà M. Haley qui, je le