éclatent, les troussequins versent, les selles tombent à terre. Cent mille hommes pleurent, qui les regardent.
LES deux chevaliers sont tombés contre terre. Rapidement, ils se redressent debout. Pinabel est fort, agile et léger. Ils se requièrent l’un l’autre ; ils n’ont plus leurs destriers. De leurs épées aux gardes d’or pur, ils frappent et refrappent sur leurs heaumes d’acier : les coups sont forts, à fendre les heaumes. Grande est l’angoisse des chevaliers français : « Ah ! Dieu, » dit Charles, « faites resplendir le droit ! »
PINABEL dit : « Thierry, rends-toi ! Je serai ton vassal en toute foi, en tout amour ; à ton plaisir je te donnerai de mes richesses ; mais trouve pour Ganelon un accord avec le roi ! » Thierry répond : « Je ne tiendrai pas long conseil. Honte sur moi si j’y consens en rien ! Qu’entre nous deux, en ce jour, Dieu montre le droit ! »
THIERRY dit : « Pinabel, tu es très preux, tu es grand et fort, tes membres sont bien moulés, et tes pairs te connaissent pour ta vaillance : renonce donc à cette bataille ! Je te trouverai un accord avec Charlemagne. Quant à Ganelon, justice sera faite de lui, et telle qu’à jamais, chaque jour