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éclatent, les troussequins versent, les selles tombent à terre. Cent mille hommes pleurent, qui les regardent.

CCLXXXII

LES deux chevaliers sont tombés contre terre. Rapidement, ils se redressent debout. Pinabel est fort, agile et léger. Ils se requièrent l’un l’autre ; ils n’ont plus leurs destriers. De leurs épées aux gardes d’or pur, ils frappent et refrappent sur leurs heaumes d’acier : les coups sont forts, à fendre les heaumes. Grande est l’angoisse des chevaliers français : « Ah ! Dieu, » dit Charles, « faites resplendir le droit ! »

CCLXXXIII

PINABEL dit : « Thierry, rends-toi ! Je serai ton vassal en toute foi, en tout amour ; à ton plaisir je te donnerai de mes richesses ; mais trouve pour Ganelon un accord avec le roi ! » Thierry répond : « Je ne tiendrai pas long conseil. Honte sur moi si j’y consens en rien ! Qu’entre nous deux, en ce jour, Dieu montre le droit ! »

CCLXXXIV

THIERRY dit : « Pinabel, tu es très preux, tu es grand et fort, tes membres sont bien moulés, et tes pairs te connaissent pour ta vaillance : renonce donc à cette bataille ! Je te trouverai un accord avec Charlemagne. Quant à Ganelon, justice sera faite de lui, et telle qu’à jamais, chaque jour