Page:Beccaria - Traité des délits et des peines, trad Morellet, 1766.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

des vertus paisibles, des Sciences & des Arts, Pères de leurs Peuples, & Citoyens couronnés ; Princes qui, en augmentant leur autorité, travaillent au bonheur de leurs Sujets, parce qu’ils détruisent ce despotisme intermédiaire, d’autant plus cruel qu’il est moins assuré ; qui intercepte les vœux sincères des Peuples, & leur voix, toujours écoutée, lorsqu’elle arrive jusqu’au Trône. Le Code criminel de la plus grande partie des nations avec tous les défauts dont il est rempli, a en sa faveur, son ancienneté, l’autorité d’un nombre infini de Commentateurs, tout l’appareil des formes, & surtout l’approbation des demi-Savants, gens insinuants & souples, dont la raison semble se défier moins. Si des Princes sages & humains laissent subsister des lois si défectueuses, c’est sans doute qu’ils sont arrêtés par les obstacles sans nombre qu’on éprouve à renverser des erreurs répétées pendant tant de siècles, & c’est un motif pour tout citoyen éclairé de désirer avec ardeur l’accroissement de leur pouvoir.

(…)