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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— On fait ce qu’on peut, monseigneur je m’ennuyais, j’ai voulu revoir la France.

— À merveille, seigneur Pompeo, mais comme la France vous plaît, tâchez de ne pas retourner en Italie. Vous nous devez cela, à nous autres Parisiens. Nous sommes hospitaliers !

— Et que dois-je faire, demanda Pompeo, pour gagner ainsi mon pardon, ma liberté ?

– Suivre cet homme, Pompeo, le suivre et lui obéir. Votre vie dépend de votre soumission entière à ses ordres ! À bientôt, je vous verrai !

Pompeo sortit, précédé de l’homme masqué.


VI

UN AMBITIEUX.


À l’heure même où cette conversation avait lieu au palais Cardinal, l’immense fallot suspendu à la porte du cabaret de la Pomme de pin agitait encore sa lueur vacillante sur le pavé du quai des Ormes.

Mardochée avait pris bravement la fuite. Après l’alerte du guet, Saint-Amand et le capitaine la Ripaille étaient sortis de ce lieu bachique en se prêtant une mutuelle assistance ; Bellerose avait regagné son gîte, situé près du pont Neuf ; les autres clients de maître Philippe Gruyn s’étaient dispersés.

Cependant la lampe fumeuse balançait encore sa noire étoile au plafond ; les volets n’étaient point encore fermés.

Mariette se tenait debout devant Charles Gruyn, et de grosses larmes roulaient alors dans ses yeux.

De temps à autre, elle jetait un regard furtif sur le jeune homme.

Charles demeurait assis, les coudes appuyés sur l’une des tables ; il semblait en proie à d’amères réflexions. Tout ce