Page:Beauvoir - Les mystères de l’île Saint-Louis, tome1.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

— Un homme qui vendait de si bon vin.

— Et Sans le baptiser, quoiqu’il fut près de la Seine.

— Voilà sans doute les archers qui viennent enlever le corps ou le garder.

— Frondons sur eux sans pitié, faisons pleuvoir sur eux une grêle de pierres.

— Ce fut dans ce moment que Charles vint tomber comme une masse inerte aux pieds du corps. À la vue de ce jeune aux brillants habits, la foule s’écarta avec respect. Le fils de maître Philippe s’évanouit au milieu de ces clameurs. Dans ce cavalier au teint bruni, aux cheveux lisses et soignés, cousu de dorure, de dentelles et d’aiguillettes, il n’eût guère été possible à la multitude de reconnaître le fils du cabaretier de la Pomme de pin. Une seule bouche laissa échapper son nom.

— Mariette, dit Charles en rouvrant les yeux, Mariette, pardonne-moi !

Les gardes de la prévôté, assaillis par quelques pierres, formèrent une haie et continrent la foule à l’aide de quelques bourrades. Un double renfort leur arrivait à la fois du Châtelet et de l’Arsenal.

Presque en même temps, et dans un carrosse de cuir roussi mené par des valets en livrée rouge, on vit apparaître la figure du lieutenant criminel. Il mit pied à terre et souleva Mariette, dont les grands yeux noirs, humides de larmes, regardaient Charles. Après quelques mots échangés avec elle, il la fit entrer, ainsi que le jeune homme, dans la salle basse du cabaret.

Contre l’ordinaire, les volets de cette pièce étaient encore clos ; une lampe de nuit, à demi mourante brûlait sur le comptoir.

Tout se trouvait à sa place dans le cabaret. Les tables des buveurs étaient encore empreintes de taches de lie ; la chatte Marmousette dormait sur le coussin de la haute chaise affectée à maître Philippe.