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LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

objecta Bellerose judicieusement. Renferme-toi plutôt dans les limites de ton rôle et songe à observer la comtesse… ta fortune est à ce prix. Après avoir passé quelques heures au Châtelet, prends garde d’y élire domicile, mon cher la Ripaille. Tout ce que tu vois ici est fait, cela est vrai, pour te surprendre, le meilleur est de n’en rien dire.

En ce moment même, sur un signe de Bellerose, les acteurs de la comédie italienne commençaient la pièce du Capitan Crocodillo. La Ripaille s’assit en maugréant, résolu toutefois à suivre de point en point, durant le bal, les instructions de son ami.


XXIX

LE BOUDOIR.


Le tumulte violent qui avait suivi cette scène, dont cependant Charles s’était rendu maître, se vit à peine apaisé par les lazzis des acteurs du théâtre-Italien, lesquels ne purent jouer qu’au milieu de murmures confus la farce du Capitan Crocodillo.

Cependant, et comme il n’arrive que trop souvent dans une agglomération de personnes où nul ne connaît son voisin, l’étrange intervention de maître Philippe produisit moins d’effet que son fils lui-même ne l’avait craint, et les masques brillants, peu soucieux de quitter le bal, se contentèrent d’une foule de suppositions plus curieuses les unes que les autres ; ceux-ci défendirent Charles, d’autres l’attaquèrent.

— En ce temps-ci, vraiment, on ne sait plus sur quoi compter, dit le jeune comte du Lude, il y a de ces pères qui vraiment ne savent pas vivre. Que diable vient faire celui-ci au milieu de ce bal, où il ne pourrait même danser proprement la passacaille[1] ?

  1. Danse de la jeunesse de Louis XIV.