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cette constitution garantit aux États à esclaves la conservation de l’esclavage tant qu’il leur plaîra de le garder : le Nord et le Sud ont des intérêts distincts. Ceux du Sud reposent sur l’esclavage. Si le Nord travaille à détruire l’esclavage dans le Sud, il fait une chose hostile et contraire à l’Union des États entre eux. Il faut donc être un ennemi de l’Union pour être partisan de l’affranchissement des nègres. »

La conséquence naturelle de ce raisonnement est que tout bon citoyen doit, aux États-Unis, protéger la servitude des noirs, et que les véritables ennemis du pays sont ceux qui la combattent. Les factieux, qui se livrèrent pendant trois jours aux violences les plus iniques et les plus impies, étaient au fond animés d’un bon sentiment, tandis que ceux qui, par leur philantropie pour une race malheureuse, avaient excité la juste indignation des blancs, étaient traîtres à la patrie. Telles sont les conséquences d’un sophisme.

Sans doute les États du Sud peuvent seuls abolir chez eux l’esclavage ; mais depuis quand les Américains du Nord ont-ils perdu le droit de signaler le vice d’une loi mauvaise ? Ils ont détruit l’esclavage dans leur sein ; et il leur serait interdit de désirer sa destruction dans une contrée voisine ! Ce n’est pas une loi qu’ils font, c’est un vœu qu’ils expriment ; si ce vœu est criminel, que devient le droit de discussion, la liberté de penser et d’écrire ? Ce droit cessera-t-il parce qu’on s’en servira pour attaquer la plus monstrueuse des institutions ? Les Américains permettent au plus vil pamphlétaire d’écrire publiquement que leur président est un misérable, un escroc, un assassin ; et un homme honorable, plein d’une profonde conviction, ne pourra dire à ses concitoyens qu’il est triste de voir toute une race d’hommes vouée à la servitude ; que la nature se révolte en voyant l’enfant arraché au sein de sa mère, l’époux séparé de l’épouse, l’homme frappé et déchiré par l’homme, et tout cela au nom des lois ! ! Enfin, parce qu’il y a encore des esclaves dans le Sud, faut-il écraser sans pitié ce nègre affranchi, qui, dans le Nord, aspire aux droits de l’homme libre ?

— Le 12 juillet, le lendemain de l’insurrection, la société anti-slavery publia la déclaration suivante :

1º Nous désavouons toute intention d’encourager ou d’exciter les mariages entre les blancs et les personnes de couleur ;

2º Nous désavouons et désapprouvons entièrement le langage d’un pamphlet qu’on a fait récemment circuler dans la ville,