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de Pensylvanie, publiera dans les journaux ou par lettres missives écrites ou imprimées qu’un tel est un poltron, un misérable, un homme sans foi, ou autres imputations injurieuses de ce genre, pour avoir refusé un duel, sera puni d’une amende de 500 dollars et d’un an de travaux forcés (hard labour) ; l’éditeur ou imprimeur des pamphlets sera, dans tous les procès de ce genre, cité comme témoin, et admis comme tel par les cours de justice contre l’auteur de l’écrit ; et si lesdits imprimeur ou éditeur, appelés devant la, justice, refusent de déclarer le nom de l’auteur, la cour devra les considérer comme auteurs du libelle, et les condamner en conséquence[1]. »

Dans ce pays, la loi sur le duel n’est pas une vaine menace, bravée par l’opinion publique : elle est entièrement d’accord avec les mœurs ; là on ne se bat plus en duel.

Il est certain que, dans la Nouvelle-Angleterre, aucune injure, pas même un soufflet reçu ou donné, n’entraîne pour conséquence un combat singulier, et, ce qu’il y a de plus remarquable, ce n’est pas le fait, mais bien l’opinion qui s’y rattache ; là, le sentiment public approuve hautement celui qui refuse un duel, comme elle le blâmerait chez nous. Je pourrais à ce sujet citer les exemples de plusieurs personnes fort honorables de Boston, dont la considération s’est accrue par des refus de duel qui, en Europe, les eussent déshonorées. Cette rigueur des lois, sanctionnée par l’opinion générale dans la Nouvelle-Angleterre, me paraît tenir à plusieurs causes que je ne ferai qu’indiquer : la teinte religieuse imprimée aux mœurs par le puritanisme des premiers colons ; des habitudes sérieuses ; une vie régulière, toute consacrée aux affaires ; l’absence de divertissements, de jeux, de plaisirs bruyants, de galanteries ; et enfin l’esprit d’obéissance aux lois qui domine dans une république bien réglée, esprit d’obéissance dont le duel est une violation.

Si l’on se bornait à consulter les lois sur la question du duel, on pourrait penser que le Sud des États-Unis est à cet égard, en tous points, semblable au Nord. En effet, nous trouvons, dans le code de la Caroline du Sud et celui de la Louisiane, les mêmes dispositions contre le duel que dans les lois de la Nouvelle-Angleterre[2].

  1. V. Purdon’s digest, vº Duelling.
  2. V. Digeste des lois de la Louisiane, t. 1er, p. 476. Le duel suivi de mort est puni de la peine capitale. L’envoi ou l’acceptation d’un cartel, le duel non suivi de mort, l’assistance donnée au duel comme témoin, sont punis d’un emprisonnement dont le maximum est de deux années et d’une amende de 200 piastres. V. aussi Brevards digest of south Carolina, vº Duelling, tome 1er, page 272. Celui qui tue un autre en duel et ses témoins sont punis comme meurtriers (murderers). Le duel non suivi de mort, l’envoi ou l’acceptation d’un cartel, l’assistance des témoins, sont punis d’un an d’emprisonnement et de 2,000 dollars d’amende. (10,600 francs.)